RAPPORT DE RESTAURATION
Peinture murale
Abside de la chapelle St Michel
Cabannes
Quelques repères historiques (tirés des recherches de Mr Desachy)
La chapelle St Michel de Cabannes est le plus ancien monument conservé sur la commune. Située dans le cimetière du village, la construction de l’abside et de la nef daterait de la seconde moitié du 11ème siècle, présentant les caractéristiques de l’architecture religieuse rurale romane de Provence.
Tombée dans l’oubli après la construction de l’église paroissiale au 13ème siècle, la chapelle connaît une période de renouveau au 17ème siècle autour de la confrérie des Pénitents Blancs. De gros travaux sont effectués sur la toiture ainsi que sur les ouvertures, puis au 18ème siècle où la chapelle est agrandie côté ouest.
La création du décor visible aujourd’hui dans l’abside pourrait s’inscrire dans l’une ou l’autre campagne de travaux démontrant ainsi la ferveur de la population pour de sa chapelle.
Description du décor :
Le décor occupe toute la surface du cul de four, il est centré autour de la petite baie Est au-dessus de laquelle 2 angelots porte le globe terrestre surmonté d’une croix, symbole des Pénitents. De part et d’autre, peints sur un fond ocre rouge, on peut voir Dieu le Père à droite, sur son trône et Jésus portant sa croix à gauche. Entre les deux, Le Saint Esprit est représenté par la colombe, au-dessus du globe. Six têtes d’anges complètent la composition, disposée de façon aléatoire.
Technique de peinture :
La peinture repose directement sur la pierre. Un fond rouge semble avoir été posé sur toute la surface ; cette couche est sensible à l’eau. Par la suite, chaque personnage est peint à l’huile, on peut voir quelques empâtements.
La gamme de pigments utilisés est assez limitée ; ce sont essentiellement des terres, terre d’ombre naturelle et brulée, terre de sienne naturelle et brulée, terre verte, ocre rouge et ocre jaune, bleu outremer et noir.
Etat de conservation :
Après observation de la surface, on a relevé des traces de couches peintes postérieures au décor. Il semblerait que le décor ait été recouvert d’une peinture bleue avec dorures (ciel bleu étoilé XIXème ?), lui-même recouvert d’un badigeon de chaux. L’usure de la couche picturale est-elle due à sa mise à jour ou était-elle déjà altérée avant d’être recouverte… Le fait est que la lecture est confuse et le pigment présente quelques faiblesses d’adhérence au support.
Concernant le support, on relève un réseau de fissures fines et peu profondes au sommet du cul de four et une qui descend dans l’axe de l’abside.
Ces fissures sont certainement dues au mouvement de l’édifice et suivent parfois les joints de pierre.
Opérations effectuées :
Refixage de la couche picturale au pinceau avec un adhésif acrylique (ACRYL 33 à 8% dans l’eau) à travers un papier.
Bouchage des fissures avec un enduit fin (PLM S)
Retouches couleur avec aquarelles Windsor et Newton.
Cette opération a comme but de redonner de la lecture au décor en retouchant uniquement les usures et petites lacunes avec la couleur locale. Il ne s’agit pas de repeindre la scène mais au contraire de lui conserver son authenticité.
En conclusion
La peinture murale a reçu un traitement de « conservation » qui lui permettra de franchir encore quelques décennies. Malgré tout, rien n’est acquit surtout quand on voit l’état des parois intérieures…Sachant que la santé de la peinture est étroitement liée à celle des murs, il serait impératif de traiter ces derniers et de retirer le revêtement de ciment qui les recouvre. Le décor de l’abside devra à ce moment-là faire l’objet d’une sérieuse protection, sous forme de coffrage pour le mettre à l’abri de toute infiltration de poussière et d’humidité.